Terracid et d’autres YouTubeurs face à un nouveau problème de droit d’auteur
Alors que l’article 13 de la future directive droit d’auteur fait sensiblement peur aux créateurs de contenu sur YouTube, une autre problématique en touche certains de manière directe et sans vraiment recours possible.
Cette affaire concerne des séquences, souvent très courtes telles des mèmes, musiques ou autres enjolivant grandement la vidéo, qui font l’objet de droits d’auteur et du coup démonétisent les vidéos. Les sociétés (networks) qui protégeaient auparavant les YouTubeurs des ayants droits ne protègent désormais plus rien. C’est un changement des règles de YouTube qui en est à l’origine.
Le hic, c’est que cela a un effet rétroactif. À titre d’illustration, si X société rachète les droits de X musique le 5 février, elle pourra faire une réclamation pour atteinte aux droits d’auteur sur toutes les vidéos antérieures où vous avez passé la musique (ou juste un petit passage).
Explicité dans un long thread par le co-créateur du Wankil Studio (voir ci-dessous), Terracid, cette recrudescence de « claims » est un frein énorme pour la stabilité économique des créateurs de contenu. Pourquoi ? Du fait de l’effet rétroactif et que les vidéos « qui rapportent le plus » sont les vieilles (et oui).
Quand bien même le passage serait minime et ne représenterait que 1% par exemple de l’entièreté de la vidéo, du moment que vous n’avez pas payé pour une utilisation commerciale de ce passage (et les prix sont élevés), l’intégralité de la monétisation ira à l’ayant droit (sauf contrat entre la société tierce à l’origine de la réclamation et l’ayant droit). En l’espèce pour Terracid, c’est Universal Music Group qui a fait une trentaine de réclamations.
Bonjour @UMG, grâce au glitch des claims vous venez de réclamer une trentaine de vidéos qui utilisent les musiques du meme "Thug Life" qui sont utilisées entre 3 et 5 secondes dans des vidéos de 15 minutes. Ces musiques sont créditées dans toutes les vidéos. Une solution ? pic.twitter.com/P0Ng3Q3o0C
— Terracid (@terracid) January 26, 2019
Soulagement pour le moment, pas de remboursement mais cela entraîne toute une remise en question et une totale refonte des contenus créés et partagés par les vidéastes. Car oui, le Wankil Studio n’est pas la seule chaîne YouTube concernée. BySankah, Le Joueur du Grenier, CYR!L, Mathieu Sommet et bien d’autres en ont notamment été victimes.
Toutes mes anciennes redif de live sont FULL CLAIMS à cause d'UMG …
Pour 5 secondes de musique quand un abonné me fait un don …
5 SECONDES … c'est juste abusé …— bySankah (@bySankah) February 5, 2019
va falloir qu'on refasse le theme de david goodenough on a eu 4 vidéos claim a cause de ce petit morceau sifflé de 5 seconde, Ayant droit, c'est vraiment un métier fantastique >
— Joueur du Grenier (@Frederic_Molas) January 30, 2019
Hier j'ai 6 EP de SLG qui sont tombés au champ d'honneur en l'espace de 30 minutes. Claim par UMG aussi. pic.twitter.com/k1Q1jbOPh6
— Mathieu Sommet – Curry Club (@Mathieu_Sommet) January 30, 2019
« Claimed by @UMG » https://t.co/wR8iRF6x54
— Jigmé Théaux (@ClichesDeJigme) January 30, 2019
Autre problème et pas des moindres dans cette histoire des claims c’est qu’il n’y a actuellement aucune possibilité pour les vidéastes de modifier ou supprimer la séquence en cause. D’après Terracid, qui a contacté YouTube, il est possible de modifier la séquence avant la réclamation et non après, et vu que la réclamation arrive de plus en plus rapidement, les vidéastes sont réduits à ne rien pouvoir faire.
In fine, plusieurs solutions pour les vidéastes : payer pour une utilisation commerciale des séquences voulues ou repenser totalement la création du contenu en supprimant toute séquence protégée.