Un milliardaire explique qu’une équipe e-sport est un “horrible business”

Cyril Pomathiod

Mark Cuban est un milliardaire américain, propriétaire de l’équipe NBA des Dallas Mavericks. Il a récemment expliqué pourquoi posséder une équipe e-sport est un “horrible business”

Cuban connait bien le milieu du sport : principal investisseur de l’équipe de Basketball Dallas Mavericks depuis près de 20 ans, le milliardaire a d’ailleurs remporté un titre de NBA en 2011. Très enclin à investir dans le milieu du sport, Mark Cuban semble s’être aussi penché sérieusement sur le cas de l’e-sport.

C’est lors d’une interview pour Fair Game que ce célèbre investisseur a expliqué pourquoi il ne comptait pas acheter d’équipe League of Legends :

Ils changent tout, tout le temps, que ce soit sur Overwatch ou sur League of Legends ou Fortnite même si ce n’est pas vraiment un e-sport, mais quand même. Quand tu as une équipe de 5 joueurs, et que la meta change tous les 90 à 120 jours, c’est comme un tout nouveau jeu. C’est tellement compétitif et demandant en capacités mentales comme physiques que… c’est brutal. Ça, c’est la première raison.

La deuxième partie, c’est l’économie. Je pense que beaucoup de gens qui ont acheté des équipes n’avaient aucune idée d’à quel point c’était un mauvais business.

Selon Cuban, le marché de l’e-sport est complètement différent aux USA qu’en Asie ou en Europe

Le monologue de Cuban laisse clairement entrevoir qu’il maîtrise le sujet. En effet, le milliardaire laisse entendre qu’il a suivi de près l’évolution de ce marché et qu’il a vu de nombreux investisseurs s’y lancer et y laisser des plumes. Cuban poursuit en relativisant son propos :

Est-ce que ça se développe (l’e-sport) ? Oui, mais localement, ici aux États-Unis, c’est un horrible business, de posséder une équipe e-sport. C’est pour ça que tu vois beaucoup de plans de consolidation, comme les gens essayent de sortir de là et de revendre. Beaucoup de gens essayent de lever des fonds, et les évaluations financières baissent.

Beaucoup de gens qui ont investi n’ont pas constaté la différence entre un stream en Europe ou en Asie et un stream ici. Tu regardes les données Twitch, et même l’Overwatch League ne fait qu’aux alentours de 300 000 viewers au maximum. Ce n’est pas un nombre énorme.

Si entendre Cuban parler de “seulement” 300 000 viewers pour l’OWL peut sembler surprenant puisque ce nombre est déjà impressionnant, il faut remettre cette donnée dans son contexte. Alors qu’un spot en OWL coûte plusieurs dizaines de millions de dollars, on comprend la réticence d’un investisseur aguerri à l’idée d’aller s’engouffrer dans ce business où les audiences sont correctes, mais certainement pas à la hauteur de la somme de départ.

Est-ce que l’e-sport a grandi trop vite, poussant les investisseurs à donner bien plus que ce business avait à leur offrir en retour ? Possible. Reste à voir si, dans les années à venir, ces premiers investisseurs recevront enfin le fruit de leur prise de risque alors que l’e-sport prend de l’ampleur.

Source : Fair Game