Critique de Rebel Ridge sur Netflix : la castagne, ça vous gagne

Joanna Mutton
un homme adossé à une voiture, son vélo à côté de lui

Un homme subit une injustice face à la police d’une petite ville des États-Unis : ça tourne mal, mais c’est vachement bien tourné.

Les fans de Rambo ou Reacher vont être aux anges : le nouveau long-métrage de Netflix, Rebel Ridge, a tout ce qu’il faut pour titiller leur nostalgie tout en offrant du sang neuf dans les catalogues de films d’action. Une action bien bourrine, mais qui ne dessert jamais le nouveau récit frôlant le western d’une police américaine corrompue, et qui s’amuse à éviter toutes méthodes létales malgré une menace omniprésente pour ses personnages.

C’est pour la caméra de Jeremy Saulnier, déjà réalisateur de Green Room et Blue Ruin, qu’Aaron Pierre incarne avec brio un ancien militaire, Terry Richmond. La performance est belle, on y croit et on suit avec plaisir le héros qui en bave et pète parfois une durite, sans jamais perdre de son impressionnante crédibilité.

Le reste du casting aussi est excellent : au milieu de la pampa américaine, les habitants de Shelby Springs luttent chacun à leur façon pour leur survie, et sont loin des archétypes tout noirs ou tout blancs auxquels on pourrait s’attendre dans une fable du genre. Les antagonistes ont chacun leur petit truc, Don Johnson en tête dans le rôle du tyrannique chef de police. On adore les détester, et surtout les voir mordre la poussière quand leur heure est venue. La mise en scène, épurée par moments et ambitieuse quand il le faut, aide à apprécier le jeu qu’on nous présente, tout en mettant en exergue les moments plus intenses.

Car du côté de la baston aussi, c’est bien huilé : la chorégraphie marche et joue avec un réalisme violent, et même quand elle en fait (presque) trop, elle reste suffisamment jouissive pour ne jamais sortir son public du film. Chaque petit geste de notre ancien militaire est réfléchi, justifié, et sait se passer d’une quelconque explication qui aurait pu être lourde. Tous ces détails savamment glissés permettent de se concentrer sur l’essentiel tandis que le récit adopte un rythme haletant, ponctué de moments de semi-répit parfaitement dosés, le tout jusqu’à une fin qui sort de l’ordinaire mais qui est franchement bienvenue pour ce nouveau souffle qu’elle apporte au genre.

En fin de compte, le seul regret pour Rebel Ridge sera de ne pas voir le film se payer une sortie sur grand écran. Mais les abonnés de Netflix qui se languissent d’une action bien ficelée et réalisée avec la minutie qu’elle mérite en auront clairement pour leur argent.