Le Monde après nous : explication de la fin du film Netflix
netflixQui est prêt pour la fin du monde ? Certainement pas les personnages du nouveau film Netflix, Le Monde après nous. Mais peut-être que nous non plus, en fin de compte… On vous explique le propos du film de fin du monde sur Netflix.
Le Monde après nous adapte le roman éponyme de Rumaan Alam, publié en 2020. Pour porter les personnages sur nos écrans, c’est un casting de qualité qui a été réuni devant la caméra de Sam Esmail. Julia Roberts, Ethan Hawke, Mahershala Ali…
Netflix présente son nouveau film avec ce synopsis : “Une famille qui rêvait d’une pause dans une luxueuse maison de location plonge en plein chaos après une cyberattaque qui neutralise tout appareil – et l’irruption de deux inconnus.“
Parce que le long-métrage aime laisser les spectateurs dans l’incertitude à chaque tournant, on vous aide à y voir un peu plus clair. Attention, cet article va spoiler tout le film Netflix !
Des vacances qui tournent mal dans Le Monde après nous
La publicitaire frustrée Amanda Sandford (Julia Roberts) se réveille un matin et décide spontanément de réserver une villa pour une semaine à Long Island. Elle dit à son mari Clay (Ethan Hawke) que la famille mérite une pause : les bagages sont prêts, alors en route ! Toute à son plaisir dans ces vacances improvisées, quelques détails troublent pourtant la quiétude de la famille.
Un réseau qui ne passe pas bien, un client au supermarché qui achète suffisamment de vivres et d’eau pour plusieurs semaines, et… un pétrolier qui s’échoue sur la plage ? On apprend alors que le cas n’a rien d’unique : d’autres navires ont été ramenés sur la côte. Mais parce que l’américain moyen aime ses repères, pourquoi ne pas se prendre un Starbucks sur le chemin du retour et s’amuser de voir les enfants jouer dans la piscine comme si de rien n’était ?
Il sera en revanche plus compliqué de rester dans le déni quand G.H. Scott (Mahershala Ali) et sa fille Ruth (Myha’la Herrold) viendront frapper à leur porte. Les deux nouveaux-venus se présentent comme les propriétaires de la maison, et expliquent vouloir s’installer avec les vacanciers, en raison de la situation inquiétante. Problème : la famille n’a toujours pas intégré les dangers qui rôdent autour eux, et se contentent de voir le duo par le prisme des préjugés habituels (des noirs riches aux États-Unis ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt une arnaque ?) Finalement, les deux familles vont cohabiter, le temps que les choses “se tassent”.
Les différents signes de la fin du monde
Plusieurs indices sont offerts aux personnages sur l’apocalypse en cours dans le pays. Si le pétrolier s’échouant sur la plage ne suffisait pas, d’autres indications surgissent : la télévision mentionne une cyberattaque, un bruit strident et inexplicable met à mal les deux familles, des alertes ont été envoyées dans la nuit, des avions s’écrasent sur les plages… Mais il y a pire : Rose, la fille d’Amanda et Clay, n’a plus accès à sa série préférée, Friends. Avec tout un système défaillant, ce qui était acquis ne l’est plus.
Plus perturbant encore : des cerfs semblent se rassembler et s’intéresser de près aux humains qui vivent dans la maison des Scott. Rose tentera bien d’en parler à son frère, mais ce dernier se montre imperméable à ses remarques. Quant à Ruth, elle se retrouvera face à une harde entière, d’apparence calme, mais qu’Amanda va faire fuir en espérant la protéger de ce qu’elle prend pour une menace.
Qui a provoqué la fin du monde, et pourquoi ?
Les personnages ont chacun leur avis, et sont souvent menés par leurs préjugés, ce que G.H. Scott considère comme une “tare“ : des tracts balancés par un drone lancent des “mort à l’Amérique” dans un alphabet arabe, mais le survivaliste que G.H. Scott essaie de raisonner pour sauver le fils malade des Sandford, affirme de son côté que ce sont “les coréens ou les chinois” qui sont dans le coup.
Finalement, G.H. Scott explique à Clay que tous ces signes lui rappellent une stratégie qu’il aurait lue dans les dossiers d’un client à lui. Retirer tout moyen de communication, offrir des fausses pistes pour dérouter les civils qui n’ont plus accès à des informations fiables, faire en sorte qu’ils paniquent et s’entretuent, pour enfin réussir un coup d’état. Son discours est cohérent avec les récents événements, mais comme pour toutes les théories vues jusqu’ici, aucun document officiel ne la valide : l’ancien trader pourrait bien l’avoir échafaudée en fonction de ce qu’il a observé sur les derniers jours, comme les autres.
Que restera-t-il après la fin du monde ?
Le comportement des animaux a une place importante dans Le Monde après nous. Les cerfs ne cessent de revenir jeter un coup d’œil aux habitations, mais on peut aussi noter les flamants roses qui viennent s’installer dans la piscine des Scott. Pas longtemps cependant : le bruit que l’on suppose porteur de radiations revient vite à la charge et les fait fuir.
Contrairement à nos personnages, qui s’obstinent à rester dans leur maison de luxe, devenue leur seul refuge face à l’inconnu qui les entoure et les effraie. Malheureusement, ce huis clos protecteur ne l’est pas tant que ça : à chaque attaque du bruit assourdissant, les vitres sont sur le point de se briser. Parce qu’en fin de compte, on a beau se retrancher derrière nos écrans ou nos protections de verre, l’apocalypse s’invite toujours un peu plus dans la sphère familiale et personne ne sera épargné. Les protections élaborées pour se couper des autres et du monde ne sont pas faites pour tenir éternellement.
Après que les cerfs aient été dispersés par Amanda et Ruth dans la dernière partie, ces deux dernières aperçoivent New-York prise dans des explosions et sous le feu de détonations lointaines. Rose, arrivée dans un bunker, apprend grâce à un système d’urgence que la Maison Blanche est attaquée par des forces armées rebelles. La théorie de G.H. Scott semble être la bonne : face à l’isolement et la panique, la guerre civile s’est emparée du pays et il y a bien un coup d’état en cours.
Pourtant, Rose trouve plus intéressant : des coffrets de DVD de Friends. Elle lance alors le dernier épisode, “The Last One” en version originale, traduit par “Ceux qui s’en allaient” en français (et qui donnera également le nom de la cinquième partie du film). La jeune fille est enfin rassurée, ne se préoccupant plus de ce qu’elle ne maîtrise pas pour s’intéresser à des personnages qui n’existent pas, mais “la rendent heureuse“.
La fin du film Le Monde après nous n’a pas vraiment d’explication
Et c’est tout ? Eh oui ! Le Monde après nous ne veut pas spécialement être compris : en revanche, on attend des spectateurs qu’ils soient témoins des événements.
Pour être plus clair, tout le propos du film est de voir ce qui arrive lorsqu’un pays s’effondre, mais du point de vue des plus petits, de sa population. Le thème de la cyberattaque a été un peu plus développé dans le film que dans le roman, le réalisateur Sam Esmail étant friand de ce genre d’intrigues (le cinéaste a signé la série Mr Robot). Les voitures autonomes devenues folles, les avions s’écrasant faute d’aide satellite, c’est lui qui les a rajoutés, entre autres.
Mais cela ne change pas le parti pris par le livre de Rumaan Alam : on est perdu, et c’est normal. À moins d’être à la tête du pays ou de compter parmi les personnes les plus influentes de la planète, on ne peut pas espérer être informé en cas d’apocalypse. G.H. Scott aide à y voir un peu plus clair, parce qu’il a approché les sphères des dirigeants. Mais ses informations s’arrêtent là, et ne servent qu’à faire comprendre une chose : nos héros ne savent rien, personne n’est aux commandes.
Et à quoi servent les cerfs là-dedans ? Rien n’a été confirmé, mais il y a de grandes chances que ces animaux, présentés comme déboussolés dans le roman, servent probablement ici à porter un autre message : plutôt que d’essayer d’appréhender les événements, pourquoi ne pas se contenter d’en être témoins ? Un autre détail qui a son importance : les humains sont particulièrement rares dans le film. Ce qui n’est pas le cas des bêtes. Peut-être qu’en fin de compte, le monde après les humains a toujours sa chance, malgré l’impact de l’homme. Et le regard des animaux semble être utilisé pour confronter les humains à leur responsabilité dans la situation, qu’ils continueront pourtant de fuir inlassablement.
Le choix de l’auteur et du réalisateur de ne pas expliquer la fin du Monde après nous
Les personnages ne savent rien, on l’a compris. Mais dans ce cas, pourquoi le spectateur en saurait davantage ? Pour le réalisateur Sam Esmail, la cyberattaque est un moyen de faire peur, justement grâce à son côté difficile à comprendre. Car si le spectateur est aussi perdu que le personnage, alors il éprouvera une vraie peur.
C’est en tout cas ce qu’il a expliqué lors d’une interview pour Entertainement Weekly : “Les cyberattaques en général sont un peu obscures et mystérieuses en elles-mêmes. Je pense que les gens ne saisissent pas vraiment ce que cela signifie ou à quoi cela ressemblerait vraiment. Et quand vous commencez à le montrer à l’écran et qu’ils commencent à réaliser que ça pourrait réellement être connecté avec leur réalité, c’est là que la véritable terreur frappe.“
Enfin, pour ce qui est d’offrir ou non une explication, le cinéaste assume son choix de se montrer cryptique : “Pour moi, [le film] est un point de départ pour un dialogue. Il s’agit vraiment de pénétrer dans votre esprit et de libérer les peurs que vous pourriez réellement avoir à propos de notre monde, et d’être suffisamment touché pour en parler à quelqu’un.”
La fin du film Netflix Le Monde après nous n’est donc pas censée donner une explication à ses spectateurs, elle est là pour vous laisser dans le même désarroi que ses personnages. Mais bien entendu, comme l’ont sous-entendu auteur et réalisateur, libre à vous d’en discuter et d’élaborer, à votre tour, vos propres théories.